Les Québécois jugent insuffisante l’action du gouvernement pour les aînés

Cinq ans après le début de la pandémie de COVID-19 qui a décimé et meurtri une génération de personnes âgées, à peine le quart des Québécois jugent satisfaisante l’action gouvernementale pour les aînés, selon un sondage Segma rendu public jeudi.

Patrice Bergeron - La Presse canadienne à Québec
March 17, 2025

La Coalition pour la dignité des aînés, qui a commandé cette enquête d’opinion, estime que les leçons de la pandémie n’ont pas été apprises.

Les données ont été récoltées à la fin de décembre et au début de janvier, mais elles viennent d’être rendues publiques, en ce jour anniversaire du premier confinement, il y a cinq ans, en 2020.

Pas moins de 68,2 % des personnes interrogées estiment que l’action gouvernementale en faveur des aînés est insatisfaisante. Parmi ces répondants, le quart, soit 24,1 %, la juge même très insatisfaisante.

« On n’est pas prêts à faire face à une autre calamité qui toucherait en grande majorité les aînés qui sont dans nos centres d’hébergement », a conclu un des porte-parole de la Coalition pour la dignité des aînés, Pierre Lynch, dans une entrevue avec La Presse canadienne jeudi.

À moins de deux semaines du dépôt d’un budget qui risque d’être un arbitrage difficile, le gouvernement caquiste reçoit un bulletin défavorable et un message clair en faveur d’un réinvestissement.

« Les aînés passent toujours en dernier lieu dans les budgets, dans les actions », a déploré M. Lynch, alors qu’ils représentent 20 % de la population. Il souhaite un coup de barre, un réinvestissement massif dans les services et soins à domicile.

Il souhaite un coup de barre, un réinvestissement massif dans les services et soins à domicile.

Au lieu de 3 milliards de dollars par année investis dans le maintien à domicile, il faudrait 9 milliards de dollars par an, comme l’a établi une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), a argué le représentant de la Coalition.

D’ailleurs, les répondants ont accordé un appui massif à trois mesures proposées pour améliorer les conditions des personnes âgées.

Ils sont 89,9 % à favoriser des mesures fiscales et de l’aide financière pour garantir un revenu viable aux aînés.

De même, ils sont à 88 % pour un encadrement des hausses de loyer afin que les logements restent abordables pour les aînés.

Services et soins à domicile

Enfin, 90,3 % sont pour un soutien financier aux personnes âgées afin de leur permettre de rester dans des résidences pour aînés offrant des soins de santé.

À ce propos, les répondants préféreraient massivement vieillir à la maison. En effet, ils ne sont que 3,7 % à être en faveur de finir leurs vieux jours dans un CHSLD ou même une Maison des aînés, le concept lancé à grands frais par le gouvernement caquiste.

« On a regardé le problème, mais on n’a pas trouvé la bonne solution », a tranché le porte-parole Pierre Lynch concernant les Maisons des aînés.

Aussi, pas moins de 9 personnes sondées sur 10 (90,4 %) souhaitent pouvoir être soignées à la maison plutôt que dans un hôpital.

Une grande majorité d’ailleurs estime qu’il est difficile d’avoir accès aux soins et services à domicile (81,2 %).

Santé Québec

Enfin, les personnes interrogées jugent durement Santé Québec, la nouvelle agence qui coordonne les activités dans le réseau de la santé.

Moins du tiers (32,8 %) des personnes estiment qu’elle permettra d’améliorer les soins aux personnes âgées.

Le sondage a été réalisé par panel Web auprès de 841 répondants, du 16 décembre au 2 janvier. Il a été pondéré pour être représentatif de la population québécoise en ce qui a trait au sexe, à l’âge, aux régions et à la scolarité.

On ne peut calculer de marge d’erreur puisqu’il s’agit d’un échantillon tiré d’un panel Web. Mais à titre de comparaison, un échantillon probabiliste de la même taille aurait une marge d’erreur maximale de 3,4 %, 19 fois sur 20.

L’an dernier, la Coalition pour la dignité des aînés, qui regroupe plusieurs organismes représentant les personnes âgées, avait organisé un sommet sur le maintien à domicile.

Au terme des travaux, elle avait réclamé des CLSC ouverts 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, comme porte d’entrée principale pour les aînés requérant des services à domicile.

Les services de soutien à domicile vont des services d’aide domestique au gardiennage, en passant par le dépannage, la nutrition, les tâches familiales, les soins personnels, etc.

Actuellement, seule une minorité d’aînés a pleinement accès à tous les services à domicile qu’elle requiert et la Commissaire à la santé et au bien-être a conclu que le bilan du système actuel est « inquiétant » : il ne répond qu’à 10,7 % des besoins en heures de soutien.

Ainsi, il a fourni 25,4 millions d’heures de services en 2023, alors que 234 millions d’heures étaient requises.

La ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, avait toutefois fait valoir qu’en 2023-2024, 37 millions d’heures de services ont été fournies.

Les données de la Commissaire à la santé et au bien-être montrent que le coût du soutien à domicile est moins élevé que l’hébergement en établissement.

Ainsi, en 2023, le coût annuel moyen de fonctionnement pour une personne recevant des services de soutien à domicile (domicile proprement dit ou résidence pour aînés) est estimé à 13 900 $. Ce coût varie de 67 400 $ à 96 800 $ pour une personne en hébergement, selon le type d’hébergement (ressources intermédiaires-ressources de type familial et CHSLD).

https://www.ledevoir.com/societe/854950/quebecois-jugent-insuffisante-action-gouvernement-ainesLes Québécois jugent insuffisante l’action du gouvernement pour les aînés